La Nation Bénin...
Le
choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion
d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Selon Dr Horace
Degnonvi, spécialiste en épidémiologie et médecine préventive et
enseignant-chercheur, sa recrudescence dans le monde, en Afrique et
particulièrement au Bénin, pourrait être liée à une combinaison de facteurs
environnementaux, sociaux et économiques.
Dr Horace Degnonvi : La recrudescence du choléra dans le monde, en Afrique et particulièrement au Bénin, peut être attribuée à une combinaison de facteurs environnementaux, sociaux et économiques. Le choléra est une maladie liée à l'eau et à l'assainissement, et sa résurgence dans certaines régions peut être expliquée par une infrastructure sanitaire inadéquate, des systèmes d'approvisionnement en eau contaminés, et une gestion inefficace des déchets. Les migrations de population et la pauvreté généralisée exacerbent les risques d'épidémies. De plus, la dégradation des infrastructures sanitaires dans certaines régions expose davantage les populations à des sources d'eau contaminées et les événements climatiques extrêmes comme les inondations favorisent la contamination de l'eau potable.
Quelles sont les régions actuellement les plus touchées par le choléra ?
Il faut rappeler que c’est le ministère de la Santé qui a qualité pour donner des chiffres confirmés quant à la situation actuelle. Toutefois, plusieurs cas ont été rapportés dans quelques départements en l’occurrence le Littoral, l’Atlantique, le Mono, le Couffo et l’Ouémé.
Les principaux facteurs sont l’accès limité à l'eau potable (l'eau contaminée étant la principale voie de transmission), les mauvaises pratiques d'hygiène (l'absence de toilettes adéquates et les pratiques d'assainissement défaillantes facilitent la transmission), les services de santé souvent sous-financés et surchargés qui peinent à contrôler les épidémies, le manque de sensibilisation et de pratiques d'hygiène adéquates sont également une cause majeure.
Oui, les changements climatiques influencent la propagation du choléra. Les inondations, les sécheresses et les variations de température peuvent altérer les écosystèmes aquatiques, facilitant la survie et la multiplication des bactéries du choléra. Les événements météorologiques extrêmes peuvent également entraîner des déplacements de population, augmentant les risques de contamination.
La prévention du choléra dans les communautés rurales nécessite l’amélioration de l'accès à l'eau potable. Des initiatives pour fournir de l'eau propre sont essentielles. Par exemple la construction de puits sécurisés, la distribution de pastilles de chlore ; la promotion de l'hygiène: Programmes d'éducation à l'hygiène pour encourager le lavage des mains, l'utilisation de latrines et la gestion efficace des déchets ; la vaccination : (L'introduction de vaccins oraux contre le choléra dans les zones à haut risque peut réduire considérablement les épidémies) et la vigilance communautaire : Système de surveillance pour détecter rapidement les cas de choléra et isoler les sources de contamination.
Les dernières avancées incluent les vaccins oraux : des vaccins comme le Dukoral et le Shanchol sont utilisés en prévention, surtout dans les zones à risque élevé. De nouveaux vaccins plus efficaces et faciles à administrer sont aussi en développement; les traitements améliorés : l'accès élargi aux sels de réhydratation orale et aux antibiotiques pour traiter les cas graves ; la surveillance génomique : le séquençage de l'Adn des souches de Vibrio cholerae permet de mieux comprendre la propagation et d'anticiper les épidémies et les technologies de détection : développement de tests diagnostiques rapides pour une réponse plus efficace aux épidémies.
Les efforts de vaccination contre le choléra se sont intensifiés, avec l'utilisation de vaccins oraux comme le Dukoral, Shanchol, et Euvichol-Plus. Ces vaccins sont efficaces à court terme, offrant une protection d'environ 60-70 % pendant deux ans. La vaccination est souvent utilisée en réponse aux épidémies ou dans les zones à risque élevé, combinée à d'autres mesures de contrôle. Ces vaccins oraux, en particulier, sont utilisés dans les zones d'épidémie pour créer une immunité de groupe et réduire la propagation. Cependant, la protection est temporaire, nécessitant des rappels périodiques.
Les médias jouent un rôle clé en diffusant des messages de prévention, en informant sur les symptômes, en rendant compte des épidémies, en collaborant avec les autorités sanitaires.
Oui, plusieurs communautés ont réussi à éradiquer le choléra grâce à des initiatives coordonnées. Nous pouvons citer le Bangladesh qui a considérablement réduit le choléra par des campagnes massives de vaccination, l'amélioration des infrastructures d'assainissement, et l'éducation. Il y a aussi le Zimbabwe où après une grave épidémie en 2008, des efforts internationaux et nationaux sont faits pour améliorer l'eau potable et les soins de santé.
Il est conseillé de boire de l'eau traitée, éviter les aliments crus, se laver les mains régulièrement et se vacciner.
L'initiative mondiale pour l'éradication du choléra (Gtfcc), lancée par l'Oms, vise à réduire de 90 % les décès dus au choléra d'ici 2030 grâce à une stratégie multi-sectorielle, les projets de Wash, des programmes visant à améliorer l'accès à l'eau, l'assainissement et l'hygiène (Wash) dans les régions à haut■